Romain ouvrit son ordinateur portable, faisant apparaître un écran noir, et appuya sur le bouton de mise en marche. Un son d’orgue lui répondit, ainsi qu’un message de bienvenue, représentant un petit ordinateur souriant. Il plaça son appareil photo numérique face à la diode infrarouge de l’ordinateur. L’icône, à droite de l’écran, lui fit comprendre que le portable avait bien reconnu l’appareil photo. Le jeune homme cliqua dessus, ouvrant une fenêtre remplie de minuscules images. En souriant, il cliqua sur une nouvelle icône, représentant une caméra, et l’écran devint à nouveau noir.
Alors la première image apparut, en plein écran. Le diaporama fonctionnait très bien et Romain se cala dans son fauteuil, en admirant les photos qu’il avait prises, la veille à Fontainebleau. En extérieur, elles étaient parfaites et il n’aurait même pas besoin de les améliorer, ce qu’il regrettait un peu ; il avait hâte d’essayer son nouveau logiciel de retouche d’images. Le diaporama défilait à nouveau, en boucle, lorsqu’une photographie attira son attention.
— Ce n’est pas Fontainebleau… ! s’écria-t-il à haute voix.
En appuyant sur deux touches du clavier, il ferma l’application, faisant réapparaître la fenêtre. Il glissa son doigt sur le pavé tactile, pour agrandir la fenêtre et tenta de retrouver l’intruse, tout en comptant mentalement les photos.
— Bizarre, il y en a trente et une, pourtant je suis certain de n’en avoir pris que trente, en haute résolution. Il me semble que celle-ci est différente… ajouta-t-il, en cliquant sur l’image.
Le logiciel de retouche s’ouvrit, affichant ses nombreuses palettes d’outils, puis l’image apparut, à 50%. Romain sélectionna une petite loupe, marqué d’un signe + et cliqua, l’image disparut et réapparut aussitôt, à 100%. Le garçon la détailla, elle représentait une rivière, longée par une route. En arrière plan, un escalier ceinturé d’arbres, rejoignait des constructions.
— Cet endroit ne me dit rien, constata Romain, l’image était vraisemblablement stockée dans l’appareil photo, mais je ne vois pas pourquoi… Oublions cela, je dois préparer mon sac de voyage, l’avion décolle dans trois heures…
Il referma le logiciel, fit une copie de ses photos et éteignit l’ordinateur. Il s’envolait vers le Venezuela, dans la péninsule de Paraguana, pour assister à une éclipse totale, avec son amie Agathe. Une folie, que leurs parents avaient accepté de leur offrir, à la place des sports d’hiver. Un circuit de douze jours dans ce splendide pays, pour une éclipse de soleil de trois minutes et quarante cinq secondes seulement. Il préparait son sac, lorsque la sonnette de la porte d’entrée retentit. Le jeune homme courut ouvrir, c’était Agathe, toute souriante, un grand sac de sport en bandoulière.
— Ne me dis pas que tu n’es pas prêt ! As-tu appelé un taxi ?
— Non, pas encore, répondit-il, en l’embrassant furtivement. Tu veux bien t’en charger ? Je termine mon sac.
— Tu étais encore devant ton ordinateur, je parie…
— J’avoue… répondit-il, en pensant à la photo inconnue.
Un quart d’heure plus tard, ils se précipitaient dans l’escalier, pour rejoindre le taxi qui les attendait.
— Tu as pris ton portable et ton appareil photo numérique ? demanda Agathe, en se blottissant contre lui.
Et, sans attendre la réponse de Romain, elle enchaîna :
— Mon père m’a offert un télescope, qui grossit quatre cent fois, pour observer la lune. J’ai intérêt à avoir de bonnes notes, cette année ; avec l’argent que mes parents ont déboursé pour ce voyage, si je n’ai pas mon bac avec mention, ils m’étranglent…
— Pour moi, c’est pareil… ils n’étaient pas vraiment d’accord pour dépenser vingt mille francs dans une simple éclipse de soleil.