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© Pages et Plage 2001 Création Alain Moreau

La dernière lueur

LA DERNIÈRE LUEUR
Alain MOREAU
roman
 © Dernière lueur 1999

Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6

Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Épilogue


Toute ressemblance ou homonymie avec des personnes existantes ou ayant existé serait fortuite et involontaire.


1


Ronald Andrew s’étira longuement, il avait travaillé vingt heures durant et se sentait épuisé. Pourtant, il ne le regrettait pas, ses travaux prenaient corps et il savait qu’il était sur le point d’aboutir. La Terre était surpeuplée, depuis bientôt deux cents ans, et ses richesses ne pouvaient permettre de faire vivre tous ses habitants. Dix ans durant il avait écumé toute la galaxie, à la recherche d’un point de chute pour la population excédentaire. En vain.
Les planètes du système solaire n’étaient pas adaptées pour recueillir des humains, soit trop froides, soit trop chaudes, et toutes dépourvues d’oxygène. Il avait donc imaginé une bulle de verre synthétique, pouvant abriter l’équivalent d’un village sur n’importe quelle planète. Un prototype avait été construit sur la Lune, il y avait maintenant vingt ans, au pied du pic de la Lumière-Éternelle, tout proche du pôle Sud, pour bénéficier d’un ensoleillement maximal. Ainsi les panneaux solaires, qui bordaient le cratère de Shakelton, utilisaient l’énergie solaire en permanence et la glace lunaire, transformée en oxygène, fournissait les ressources essentielles à la survie de la base.
L’eau, issue de la glace lunaire et décomposée en hydrogène et oxygène, permet de fabriquer de l’énergie. Les panneaux solaires transforment cette eau en vapeur, pour faire tourner des générateurs qui produisent l’électricité.
Le sol est irrigué, pour faire pousser les plantations.


Ronald poursuivait ses recherches pour étendre la surface disponible, il travaillait sur un puissant champ de force, qui remplacerait cette fragile bulle à la merci du moindre météorite.
— Alors, je pourrai créer des continents artificiels, équivalent à un pays. Je sais que je suis près du but, si l’on m’accorde le financement.

Dans la station expérimentale lunaire, en cycle de repos, tout était calme. Ses six mille habitants vivaient dans une sorte de paradis, de vingt kilomètres de diamètre, couvert de végétation multicolore, regroupant les principales espèces terriennes et les indispensables cyanobactéries.
Les cyanobactéries sont de minuscules algues avides de lumière, qui par photosynthèse, dégagent de l’oxygène. Elles peuvent aussi servir d¹aliments.

Au ras du sol, des bâtiments en kevlar, recouverts de régolite , leur servaient d’habitation et une faune variée d’animaux domestiqués tenait compagnie aux pionniers.
Le kevlar est un matériau composite, extrêmement résistant et le régolite est une pierre lunaire, riche en calcium, titane, magnésium, fer et terre rare, qui protège les habitants des radiations ultraviolettes, la Lune étant dépourvue de couche d’ozone.

Il n’y avait pratiquement pas de véhicules, seules les fourgonnettes solaires communales étaient autorisées à circuler. Des véhicules pressurisés étaient utilisés pour sortir de la station et prospecter, afin d’extraire la glace et les pierres de Lune. À partir des capteurs solaires qui entouraient la colonie, tous les produits de base étaient cultivés sur place, en totale autarcie. L’air et les déchets étaient entièrement recyclés sur place, ou digérés par des bactéries, qui les transformaient en nitrate. Les trottoirs étaient roulants, pour se déplacer sans effort, les habitants circulaient ainsi, à cinq km/h. Essentiellement végétariens, ils vivaient heureux. La plupart d’entre eux étaient nés ici, et ne connaissaient de la Terre que cette grande planète bleue, qu’ils voyaient flotter dans le ciel, à moins de quatre cent mille kilomètres.
Ronald Andrew pensa à l’argumentation qu’il avait dû déployer, pour faire accepter son projet par le gouvernement planétaire de l’époque. Après cinq ans d’études, une nouvelle base était enfin prévue, à deux cent kilomètres de là. Le conseil gouvernemental avait finalement promis d’en créer une tous les cinq ans, puis de s’étendre sur Mars. Les humains allaient peut-être enfin réapprendre à vivre et Ronald pensait déjà à reconstruire la Terre, dans le même esprit.
— La Planète bleue dispose d’oxygène, elle, et ses richesses naturelles sont inégalées. Elle reste irremplaçable.
Ronald Andrew se leva et sortit de son laboratoire, il ne mit que quelque minutes pour rejoindre sa résidence. Sans bruit, il se dirigea vers sa chambre et observa son épouse, qui dormait profondément.

Ils s’étaient connus à l’université, ils avaient étudié et voyagé ensemble. Elle était au même grade que lui, officier supérieur de patrouille galactique, depuis trente ans déjà, et elle l’avait beaucoup aidé dans ses recherches pour une vie meilleure. Il l’embrassa doucement sur la tempe, puis il rejoignit la cuisine et prépara du café. Le soleil irradiait la station, et Ronald Andrew l’admira, en silence, il y avait maintenant vingt ans qu’il jouissait de ce spectacle, sans se lasser. La Terre envoyait ses reflets bleutés, et il la contempla, l’oeil fixé sur les nuages qui l’encerclaient, laissant apparaître des brides de continents, qu’il s’amusa à reconnaître, un à un, en pensant qu’ils étaient beaucoup plus beaux, vus de loin. Un léger bruit de pas lui fit tourner la tête, sa femme venait de le rejoindre, les yeux encore plein de sommeil.
— À quoi rêves-tu Ronald ? Tu admires la Planète bleue ?
Ronald Andrew la prit doucement dans ses bras.
— Oui Jenny, j’admire la Planète bleue et je rêve de nouvelles colonies, où les hommes seraient heureux.
— Moi aussi je rêve de la Terre, quelquefois. Pourtant, je sais à quel point notre sort est enviable, ici, répondit son épouse, en l’embrassant.
Brusquement, elle se sépara de son époux, le regard tendu vers la Planète bleue, où une puissante lueur venait d’apparaître.
— Regarde Ronald ! Regarde bon dieu…!
Son époux la rejoignit, suivant son regard.
— Vite ! Au télescope…
Ils se ruèrent vers un bâtiment circulaire, au centre du village, d’où émergeait, à l’extérieur de la bulle de verre, un puissant télescope interférométrique et de gigantesques radars.
— Je n’y crois pas. Dis-moi que nous rêvons…
L’œil rivé sur l’écran de contrôle, Ronald pianota sur un clavier, alors que l’image de la Terre grossissait à toute vitesse.
— C’est sur le continent asiatique, en Chine. Ce n’est pas possible.
Un gigantesque champignon noirâtre faisait maintenant place à la lueur.
— Mais qui a pu faire cela ? Le désarmement a été mis en place il y a cinq ans déjà. Plus un seul pays ne dispose de la bombe, maintenant…, s’étonna-t-il.

— Une erreur… Un vaisseaux interstellaire, qui se serait écrasé…, avança Jenny en nouant la ceinture de son peignoir et en passant la main dans ses cheveux en broussaille.
— Impossible ! Même si les vaisseaux terriens disposent d’une puissante propulsion nucléaire… Te rends-tu compte ? La Chine fait neuf millions six cent mille kilomètres carrés…
— Une bombe atomique, alors… Mais qui ?
— J’appelle le Président, conclut Ronald Andrew, en activant le téléphone cellulaire de sa montre bracelet.
Il parlementa longuement avec les services de sécurité.
— C’est étrange, je n’arrive pas à le joindre, il semble être en réunion. Il doit prendre des dispositions, après cette énorme explosion… Nous allons convoquer les colons, je prends une copie de l’enregistrement vidéo.
— Je vais me préparer et je te rejoins à la salle des fêtes, conclut Jenny en regagnant leur maison. Elle se fit couler un bain brûlant, sans pouvoir évacuer l’image du sinistre champignon annonciateur de mort.

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2


Une heure plus tard, tous les colons s’étaient rassemblés dans la salle des fêtes et regardaient, en silence, l’enregistrement de l’explosion.
— La plupart d’entre vous ne connaissent pas la Terre et, je pense qu’il est temps, pour moi, de leur apprendre d’où ils viennent. La Planète bleue est habitée par les humains, depuis plusieurs siècles ; en fait, c’est la seule planète de la galaxie réellement viable. Ici, nous sommes obligés de fabriquer notre oxygène pour survivre, les terriens n’ont besoin d’aucun artifice…, commenta Ronald.
— … Malheureusement, depuis la dernière guerre mondiale qui a décimé le continent américain, il y a quarante ans, la Terre est devenue une gigantesque poubelle gorgée de population, reprit-il. Il y a trente ans, une organisation secrète de grands groupes financiers a fini par chapeauter les gouvernements, faisant la pluie et le beau temps, à force de crashs boursiers. À l’issue de cette période incertaine, un président de toute les nations a été élu, certains disent qu’il est à la solde de cette grande puissance, dont personne ne connaît le dirigeant. Seulement 10% des habitants travaillent encore, reclus dans des villes protégées, gardées par des milices privées armées ; ces villes nouvelles sont constituées d’immeubles gigantesques, atteignant trois cent cinquante étages, pour échapper à la pollution flottante, en contrebas. Les bureaux s’étalent du centième au deux centième étage, et ces rares privilégiés les rejoignent en véhicules volants. Chaque fin de semaine, ils s’évadent au soleil, en famille, vers les îles du Pacifique, pour se ressourcer, en utilisant de puissantes navettes solaires…

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