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© Pages et Plage 2001 Création Alain Moreau

Rêve en rouge

RÊVE EN ROUGE
Alain MOREAU
roman
 © Rêve en rouge 2000

Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6

Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Épilogue

Toute ressemblance ou homonymie avec des personnes existantes ou ayant existé serait fortuite et involontaire.


1


Hamilton, juin 1920.
Un couple, la tête dans les étoiles, et leurs deux jumeaux.
Ils réaliseront leur rêve le plus fou, et les deux jeunes garçons auront une vie exceptionnelle,
dans un univers inconnu,merveilleuse pour l’un et cauchemardesque pour l’autre.
Ils se retrouveront pourtant… les jumeaux sont inséparables.



Terre, dimanche 20 juin 1920

L’immense télescope en cuivre se dressait doucement, entraîné par un engrenage extraordinairement complexe.
— Vois-tu quelque chose, Audrey ? demanda un jeune homme arc-bouté sur une énorme roue en bois, qui actionnait le mécanisme.
De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front et son torse nu et musclé.
— Je vois la Lune, bien sûr, mais surtout Vénus et, plus loin Mars. Tu veux que je te relaie, Mel ?
— Je bloque le mécanisme et j’arrive, répondit le jeune homme en la rejoignant.
Puis il prit sa place, l’œil plaqué sur la lentille de verre.
— Nous devons trouver un moyen de nous envoler vers ces planètes. J’ai eu l’idée d’un engin volant, cette nuit. Je vais commencer les plans dès demain.
Le lendemain, Mel Gortes commença ses croquis, sur une grande planche à dessin. Il esquissa une sorte d’obus, dressé vers le ciel.
— Comment pourras-tu le faire décoller ? Il n’a pas d’ailes, lui demanda son épouse.
— Si je lui mets des ailes, il ne volera pas plus haut qu’un avion. Je veux qu’il s’envole droit vers l’Espace, pour percer la couche d'ozone.
— Mais, il faudrait une puissance considérable pour décoller. Oublies-tu donc la pression atmosphérique ? s’étonna Audrey.

— Je l’accrocherai à une grande montgolfière et lorsqu’il sera dans le ciel, j’enclencherai une turbine. Je vais préparer une maquette, répondit Mel, sûr de lui.
— Et moi, je te laisse à ton invention, je dois m’occuper des jumeaux. C’est l’heure du biberon, rétorqua son épouse en souriant.
Mel l’embrassa, en saisissant sa taille fine.
— Je te promets qu’un jour, nous visiterons l’univers. Et nous emmènerons Brand et Tod, ils seront les premiers enfants astronautes du vingtième siècle.

Mel Gortes se réveilla doucement et se tourna vers sa compagne, elle dormait encore. Il l’embrassa sur la tempe et elle bougea enfin.
— Réveille-toi, Audrey. C’est pour aujourd’hui.
— Pour aujourd’hui, vraiment ? murmura-t-elle, dans un demi sommeil, en lui rendant son baiser.
La chaleur commençait déjà à monter sur Hamilton, précédant le lever du soleil, et un souffle d’air tiède, venant de la fenêtre ouverte, vint les caresser. Ils se levèrent enfin et déjeunèrent face à la mer des Sargasses. Puis, ils se dirigèrent vers un immense hangar en planches grossières, situé à l’arrière de la maison, et Mel ouvrit lentement la porte. Le vaisseau spatial était là, enfin terminé, métallique et brillant, et ils l’admirèrent en silence. Ils avaient mis quatre ans à le construire et aujourd’hui, ils allaient réaliser leur rêve.
— Mis à part les jumeaux, il n’y a rien de plus beau au monde, dit Audrey en se serrant contre son époux.
— Et c’est aussi notre œuvre à tous les deux, répondit Mel, en l’embrassant tendrement. Va préparer les petits, pendant que je vérifie les réserves de nourriture, les réservoirs et l’allumage.

La jeune femme retourna vers la maison, en souriant et Mel Gortes alluma la chaudière. Dans un souffle régulier, les gaz envahirent le hangar, la montgolfière commença à prendre forme et se redressa, dépassant le bâtiment, dépourvu de toit. Alors, le jeune homme monta sur un escabeau et ouvrit l’écoutille de l’étrange engin qui lui était arrimé. Vu de l’extérieur, il ressemblait à un énorme obus, long de six mètres et pourvu de quatre hublots à vitres très épaisses. L’intérieur était entièrement capitonné et seules, quatre couchettes étroites et matelassées étaient disposées en prolongement des hublots. À l’arrière, une seconde écoutille s’ouvrait sur la machinerie et Mel y pénétra. Une énorme turbine étincelait. Le jeune homme vérifia son fonctionnement à vide, puis, il s’assura que le plein de fuel et de réserve d’oxygène étaient faits. Il ressortit de l’engin, gagna la pointe de l’obus et ouvrit une trappe. Le parachute en toile était en place, bien plié dans son logement.
À cet instant Audrey apparut, portant deux petits garçons à demi endormis et souriant aux anges.
— Ça-y-est, papa ? C’est aujourd’hui que nous allons sur la Lune ? demandèrent-ils, en même temps.
— Oui, mes chéris. C’est aujourd’hui, que nous visitons les étoiles. Nous sommes le 21 juin 1924 et c’est une date historique. Nous serons les premiers hommes à voyager dans l’Espace, répondit Mel, en les embrassant.
— Alors, nous serons des héros, Tod et moi ?
— Oui, Brand. Vous serez des héros.
— Le plus grand héros, c’est toi, mon papa ! ajouta Tod, pendant que sa mère lui enfilait une combinaison matelassée.
— Allez, les aventuriers, installez-vous sur vos couchettes, ordonna leur mère, en riant.
Ils lui obéirent et elle ajusta les sangles qui les retiendraient, durant ce voyage extraordinaire.
— Ne bougez plus, maintenant. Nous allons partir, ajouta-t-elle, en prenant place sur sa propre couchette.
Mel Gortes avait fait de même et tira sur un des leviers du tableau de bord, libérant les lests qui retenaient l’énorme montgolfière au sol. L’étrange équipage s’éleva aussitôt dans les airs.
À environ dix mille mètres d’altitude, Mel tira sur un deuxième levier et la turbine se mit en route dans un sifflement aigu. L’obus se redressa alors et partit comme une flèche, libérant la montgolfière. Ils se trouvaient juste au-dessus du triangle des Bermudes et celle-ci descendit rapidement vers la mer, comme aspirée par une force inconnue.
L’obus montait tout droit vers le ciel et Mel Gortes surveillait l’altimètre.
— Nous sommes sortis de l’atmosphère terrestre ! Nous volons déjà à trente mille mètres d’altitude. Regardez la Terre, comme elle est belle, vue d’ici.
— Magnifique ! répondit Audrey, le souffle court. Vous êtes d’accord, les jumeaux ?
Les deux petits garçons regardaient de tous leurs yeux. Cette image merveilleuse, ils étaient sûrs qu’ils ne l’oublieraient jamais.
— Elle est toute bleue, maman ! La Terre est toute bleue… ! s’exclamèrent-ils, ensemble. À cet instant précis, leur vaisseau accéléra brutalement, avec une telle puissance, qu’ils perdirent conscience.

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2


Brand se réveilla dans un énorme bruit de tôle écrasée. Le petit garçon dégrafa la ceinture qui le retenait à sa couchette et tendit la main vers son frère, inconscient.
— Réveille-toi, Tod ! Nous sommes sur la Lune.
Son jumeau ouvrit les yeux.
— …Sur la Lune, tu es sûr ? Maman, papa, réveillez-vous !
Il se libéra de sa sangle et regarda autour de lui. Le vaisseau n’était plus qu’un tas de ferraille et il semblait piqué au sol, comme un gigantesque clou. Au-dessus d’eux, des rochers noirs, en équilibre incertain, menaçaient de tomber. Le ciel était rouge et un soleil orange diffusait une chaleur intense. Deux petites planètes grises, qui ressemblaient à la Lune, flottaient dans l’Espace.


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