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LE DOMAINE DES CÈDRES
Alain MOREAU
roman © Les cèdres 1997
Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 |
Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 |
Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 |
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Toute ressemblance ou homonymie avec des personnes existantes ou ayant existé serait fortuite et involontaire. 1 Le soleil avait fait son apparition et les journées commençaient à être chaudes. Nous étions déjà en mai et les prévisions météo réjouissaient Michel Sandorot. La Société pour laquelle il travaillait commercialisait du mobilier de jardin et le beau temps voyait affluer la clientèle dans les grandes surfaces spécialisées. Depuis quil avait pris la direction du service marketing, il y avait bientôt quinze ans, Michel avait considérablement augmenté le chiffre daffaires de cette entreprise familiale. Sa politique de réactualisation et de diversification de gammes avait été une réussite. Les produits étaient maintenant référencés par tous les grands de la distribution et Marcel Dutier, son président lui faisait totalement confiance. Michel Sandorot préparait ses dossiers, lorsque son téléphone sonna. Il était 8 heures 30. Bonjour monsieur Sandorot. Je pars dans un quart dheure, le directeur commercial et ma secrétaire maccompagneront. Pouvez-vous emmener Renaud et Véronique, dans votre voiture, avec les échantillons de couleur et les maquettes ? Nous nous retrouverons à Fontainebleau. Bonjour monsieur le président. Nous sommes prêts à partir. Jai aussi deux contrats urgents à vous faire signer, je les prend avec moi. Daccord, Michel, je les signerai à lusine. À tout à lheure. La circulation était dense sur lautoroute du Sud. Le siège social se trouvait à La Défense mais lusine était située tout près de Fontainebleau et Michel sy rendait régulièrement pour rencontrer le directeur de la production et tester les nouveaux produits. Aujourdhui, il allait découvrir une nouvelle ligne baptisée « Skiathos » en raison de sa teinte bleue inspirée des îles grecques. Alors Renaud, content de découvrir votre bébé ? Après tout, cest vous qui êtes à lorigine de Skiathos. Renaud, le jeune chef de produit, était visiblement tendu. Il nétait dans lentreprise que depuis quelques mois et avait eu lidée de cette nouvelle teinte qui se différenciait nettement des blancs et verts habituels. Il se demandait anxieusement quel accueil serait réservé à son innovation. De plus, le président devait se rendre sur place pour découvrir, lui aussi, les prototypes et cela augmentait sérieusement son angoisse. Cest vrai que lidée vient de moi. Mais sans Véronique, elle naurait sans doute pas abouti, rétorqua le jeune homme. Ah, enfin un mot gentil, je pensais que vous maviez oubliée, sexclama Véronique. Jeune styliste, elle aussi depuis quelque mois dans la société, sa première mission avait été de seconder Renaud dans ce projet. Il faut dire quelle sest plutôt bien débrouillée pour une première, pensa Michel. Mais non, je ne vous avais pas oubliée, Véronique. Je dirais même que Skiathos est aussi votre bébé et quil ne manque pas de caractère. Pourvu quils aient bien réussie la teinte, sinquiéta-t-elle. Nous nallons pas tarder à le savoir, dit Michel. Ils approchaient de Fontainebleau et les bâtiments blancs de lusine se dessinaient sur un fond de forêt. Tiens, cest étrange, le président nest pas encore arrivé, souligna-t-il en approchant de laire de stationnement. En effet, Marcel Dutier se déplaçait toujours en hélicoptère et lhéliport était vide. En toute logique, il aurait dû les précéder, puisquils avaient quitté le siège pratiquement à la même heure. Monsieur Dolmer, le directeur technique, les attendaient dans le hall daccueil, lair soucieux. Je suis inquiet, le président et ses passagers ne sont pas arrivés. Ils devraient être ici depuis vingt bonnes minutes. Jai essayé de joindre lhélicoptère par radio et nai pas obtenu de réponse. Cest effectivement étonnant, renchérit Michel. Nous sommes partis ensemble et il na pas fallu plus de temps à son chauffeur pour rejoindre lhéliport, quai dIssy, quà nous pour atteindre lautoroute du Sud. Ils se regardèrent tous et, dune petite voix chargée dangoisse, Véronique demanda : Pourrions-nous voir les prototypes avant quils arrivent. Je suis tellement impatiente. Et bien, allons-y, répondit monsieur Dolmer. Cela les fera peut-être venir. Ils se dirigèrent vers lusine et rejoignirent la salle des prototypes. Il y avait un salon de jardin complet, aux nouvelles teintes. La couleur est telle que nous limaginions, dit Renaud. Quen pensez-vous, monsieur Sandorot ? Cela me semble parfait. Et bien, Véronique, êtes-vous satisfaite ? rétorqua Michel. Cest superbe. Elle est formidable ! sexclama la jeune fille. À cet instant, la secrétaire de Dolmer fit irruption dans la salle des prototypes. Monsieur le directeur, les gendarmes vous demandent Les gendarmes ? Mais que me veulent-ils donc ? sinquiéta Dolmer. Ils se précipitèrent vers lentrée. La nouvelle tomba comme un couperet, lhélicoptère avait percuté une ligne à haute tension et il ny avait aucun survivant. Dans les jours qui suivirent, le comité de direction nomma Michel directeur général de la Société. Ayant accepté ce poste, il décida de poursuivre la politique de son ancien président qui, jusquà maintenant, avait été profitable à lentreprise. Un beau jour, alors quil pénétrait dans son nouveau bureau, Michel fut surpris de découvrir Fabrice Dutier, le fils du président défunt, assis dans son grand fauteuil de cuir. Fabrice, récemment et brillamment promu dHarvard, avait intégré un grand groupe aux États-Unis en temps que directeur financier. Sa carrière sannonçait fulgurante et il navait pas lintention de revenir en France. Michel ne laissa rien paraître de son étonnement et le salua courtoisement. Puis à la demande de Fabrice, il sinstalla, face à lui, dans le fauteuil des visiteurs. Le fils de Marcel Dutier ne lui laissa pas le temps de parler. Vous savez, quen tant que seul héritier, la présidence de la Société me revient de droit. Mon père vous faisait entièrement confiance et les affaires marchent très bien. Cest pourquoi, lorsque le comité de direction, que je préside depuis la mort de mon père, a décidé de vous nommer directeur général, jai accepté. Il continua : Seulement les données ont changé. Le Groupe américain qui memploie a proposé de me racheter une partie du capital. Nos produits leur plaisent et ils désireraient les commercialiser aux USA. Michel écoutait Fabrice et son esprit calculait très vite pour anticiper les possibilités dexpansion offertes par ces nouveaux accords. Cela me semble une très bonne chose, répondit-il. Par contre, nous devrons envisager dagrandir lusine pour répondre à la demande. Le jeune homme sourit, dun air méprisant qui déplut soudain à Michel. Qui vous parle dagrandir lusine ? Bien au contraire, nous allons fermer cette usine et nous installer au Mexique où la main duvre est dix fois moins chère. Michel sindigna : Mais, nous nallons pas supprimer leur emploi aux deux mille personnes qui travaillent à Fontainebleau ! Fabrice ricana : Ils iront pointer, puisque lÉtat français est assez stupide pour payer les chômeurs. Nous allons déjà être obligés de leur verser des indemnités de licenciement. Au moins au Mexique nous naurons plus ce genre de problème. Michel était outré. Oubliez-vous que cest votre père qui a créé cette Société et que ses employés lui faisaient confiance ? Certains sont ici depuis trente ans. La belle affaire ! rétorqua Fabrice. Nous sommes à lheure du profit et lindividu nexiste plus. Et comme Michel, furieux prenait congé, son interlocuteur annonça : Oh, à propos, monsieur Sandorot, vous êtes viré, bien sûr. Nous avons décidé de prendre un jeune directeur général américain. Lui, au moins, naura pas détat dâme. Vous pouvez passer, dès maintenant à la direction financière, ils sont prévenus, votre chèque est prêt. Ne vous inquiétez pas, vos indemnités sont suffisamment conséquentes, vous navez aucun recours possible. Je vous dispense de votre préavis, vous voyez, je suis bon prince. |
2 Michel dessinait à nouveau. Depuis les Beaux-Arts, il avait très peu pratiqué cette discipline mais son inactivité forcée lavait incité à reprendre ses crayons. Il commença par le fusain, puis la sanguine et se remit doucement à laquarelle. Il ne sortait presque jamais, juste pour acheter ses cigares et il y avait maintenant trois ans que ses journées se passaient ainsi. Toutefois le soir, la vie reprenait Son épouse et ses enfants rentraient et parlaient de leur journée de travail, de fac ou de lycée. Et chacun faisait comme si tout était normal. Pourtant, depuis quil ne travaillait plus, leurs revenus avaient considérablement diminué. Ce soir là, il avait du mal à suivre la conversation et son esprit vagabondait car, aujourdhui, lorsquil était sorti acheter des cigares, il sétait passé quelque chose dinhabituel Son buraliste habituel étant fermé, Michel sétait résolu à prendre sa voiture pour en chercher un autre. En plein mois daoût, Paris était très calme et il se glissa doucement dans le trafic. Comme il ne conduisait plus jamais en semaine, cest avec plaisir quil retrouva sa grosse berline quil navait toujours pas revendue, de toute façon il naurait pas trouvé dacheteur Oubliant sa situation actuelle, il activa la climatisation et alluma la radio, le téléphone en loupe dorme trônait toujours au milieu de la console inutile. Il se souvint de sa vie active, coincé dans les embouteillages, entre deux rendez-vous ; son téléphone lui était alors indispensable. Quand il vit un tabac ouvert, Michel stationna en épi sur un parking proche. Lorsquil activa la télécommande son véhicule, Michel nentendit pas le claquement feutré de louverture des portières, mais il ny prêta pas attention. Ce nest quà lintérieur quil prit conscience de son erreur, sa clé ne rentrait pas. Cétait exactement la même voiture Il jeta un coup dil dans lhabitacle pour sassurer quil sétait bien trompé et cest à ce moment quil la vit |
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